Communiqué intersyndical Grand Est – Occupation du TGP – 22 mars 2018

 

Communiqué de presse des représentants régionaux du PROFEDIM, du SNSP, du SYNAVI et du SYNDEAC, syndicats d’employeurs du spectacle vivant subventionné

Le 22 mars 2018

Dans les territoires du Grand Est,
la persistance d’une politique publique de la culture est menacée

Théâtre Gérard Philipe à Frouard, Théâtre Louis Jouvet à Rethel, Transversales à Verdun, Nouveau Relax à Chaumont, Bords 2 Scènes à Vitry-le François… Ce sont des scènes conventionnées et des théâtres de ville, financés par la Région, les départements, les communes, parfois les communautés de communes, l’Etat. Dans un autre contexte, l’Espace Bernard-Marie Koltès à l’Université de Lorraine à Metz. C’est un réseau d’établissements qui a pris des missions et des responsabilités dans la création artistique, dans la diffusion et l’accès de tous aux œuvres. C’est le tissu premier de la démocratisation culturelle, de l’accompagnement de la création et de l’émergence artistique maillant les territoires en complément des grands labels nationaux. 

Chaque année, ces 6 structures diffusent plus de 150 spectacles et ouvrent leurs portes à plus de 100 000 spectateurs. Elles collaborent avec plus d’une centaine d’équipes artistiques, leur consacrent plus d’un million d’euros par la production ou la programmation de leurs spectacles. Elles partagent leurs outils pour élaborer leurs œuvres et leur délèguent les missions de sensibilisation et d’éveil des jeunes et des moins jeunes aux arts vivants.

Ces scènes sont aujourd’hui fragilisées, voire menacées de disparition. Ici, c’est la baisse unilatérale du financement d’une commune qui entraine mécaniquement le retrait des autres partenaires ; là, c’est le changement de direction ou le refus d’accorder l’autonomie de gestion qui condamnent la convention pluripartite… Le problème est toujours singulier, mais c’est chaque fois la capacité de l’établissement à tenir son rôle dans la démocratie culturelle qui est abîmée ou anéantie. Chaque fois, c’est une atteinte à un projet d’intérêt général, une atteinte au public. C’est une atteinte à la longue structuration des projets de découverte et de promotion de la création, à la patiente construction d’un réseau de circulation des œuvres et des artistes. Une atteinte à l’histoire de la décentralisation culturelle et de l’étroite concertation avec les acteurs locaux.

Si cet écosystème s’effondre, ce sont des années de construction patiente de la démocratie culturelle qui disparaîtront. Le risque est de voir demain des territoires où les artistes et les opérateurs professionnels de la culture ont disparu, et avec eux l’existence d’une création locale, l’animation d’une vie culturelle, de voir réapparaître des déserts qui attendraient le seul passage de tournées nationales. L’argument critique du projet n’est pas crédible, on ne coule pas une flotte de bateaux en prétextant la nécessité d’un changement de cap.

Il est urgent de définir une politique publique de la culture, intelligible et cohérente, au lendemain des réformes territoriales et d’une Loi consacrée à la création artistique, à l’architecture et au patrimoine. Au sein d’une instance de concertation réunissant enfin tous les échelons des collectivités territoriales, les représentants de l’Etat et de la profession, ils doivent coordonner leurs actions. L’Etat doit continuer de jouer son rôle en garantissant l’équité républicaine d’accès à une culture diverse et ambitieuse pour tous et pour chacun, quel que soit son niveau social, quel que soit son territoire de vie.

En premier lieu, il faut empêcher les établissements menacés de disparaître.
Rendez-vous les 23 et 24 mars au TGP à Frouard pour une occupation festive et le samedi 24 mars à 11h30 pour une conférence de presse.

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