COMMUNIQUE SYNAVI Ile-de-France
La Direction des Affaires Culturelle d’Ile de France a arrêté en début d’année la liste des compagnies qu’elle conventionnait pour les trois prochaines années et celles dont la convention prenait fin. Bien peu des compagnies, membres du SYNAVI Ile de France, ont la chance de bénéficier de ces conventionnements et la plupart renoncent même à solliciter aujourd’hui l’aide à la création du fait du nombre de refus reçus par le passé. Le conventionnement ne concerne de fait que quelques artistes privilégiés et notamment les anciens directeurs de Centres Dramatiques Nationaux. Cette aide ne peut pas être une rente à vie. La sortie d’un conventionnement est donc normale quand les bénéficiaires ne répondent plus aux critères de création, de diffusion des spectacles vivants et des exigences d’accompagnement des jeunes compagnies que des équipes plus structurées et mieux financées ont le devoir de réaliser. Encore faut-il que ces critères soient effectivement fixés, appliqués et transparents.
Parmi les structures sorties de convention, se trouve cette année la Compagnie RL, animée par René Loyon. Outre son activité de création de grande qualité, cette compagnie organise depuis 2003 dans sa salle de répétition, l’Atelier RL qui mène des activités non lucratives de recherche, de formation et d’accompagnement pour artistes professionnels indépendants ou en compagnie. Ce travail se fait dans une démarche originale basée sur le collectif et l’échange entre professionnels. Elle peut prendre la forme de conseil au montage de projets, d’accueil pour des temps de travail ou des présentations de maquettes. La compagnie RL ne fait pas partie de ses adhérents mais le SYNAVI Ile de France tient à souligner l’importance et l’originalité de ce travail de formation et d’accompagnement dans le paysage théâtral de notre région. Ce travail est conforme aux valeurs de mutualisation, de solidarité et d’accompagnement des compagnies plus fragiles que nous défendons.
La DRAC Ile de France fait valoir que cette décision de non-renouvellement est basée sur un vote majoritaire du comité des experts et que, si on veut proposer de conventionner des compagnies plus jeunes, il faut accepter de mettre fin au conventionnement de compagnies qui ont longtemps bénéficié de ce soutien.
Le SYNAVI Ile de France ne peut pas se satisfaire de ce raisonnement purement gestionnaire qui se base implicitement sur le critère de l’âge pour effectuer une sélection. C’est la réalité de la qualité du travail fourni et de l’implication de chaque compagnie dans le développement de notre secteur qui doit déterminer les décisions de soutien ou non. La région Ile de France connaît depuis 40 ans un développement régulier du nombre de compagnies professionnelles. C’est au ministère d’assurer la progression suffisante des crédits pour s’adapter à la richesse artistique proposée et non pas l’inverse.
Notre syndicat pose une fois encore la question des critères, du mode d’évaluation, et de la transparence des décisions prises. Cet exemple soulève également la question de la répartition des budgets et de la gestion actuelle de la pénurie des crédits qui impose de déconventionner une compagnie méritant de conserver ses financements pour pouvoir en conventionner une nouvelle alors que des nouveaux crédits vont aux scènes labélisées. Nous rappelons que nous attendons depuis 2016 les chiffres de la DRAC Ile de France sur les 5 dernières années qui nous permettront de connaitre le détail des choix effectues par le ministère et de mettre en valeur la politique mise en œuvre sans s’abriter derrière un choix des experts qui ne peut pas aller au-delà des arbitrages faits en amont de leurs commissions.
Michel Alban
Président du SYNAVI Ile de France
Le 2 mai 2018