Retour sur le débat avignonnais « La place des lieux intermédiaires et indépendants dans les politiques culturelles »

Lors de notre debat du 15 juillet « La place des lieux intermédiaires et indépendants dans les politiques culturelles » dans le cadre du Festival d’Avignon, plusieurs intervenants ont pu échanger sur cette thématique :

  • Emmanuelle Gourvitch (presidente du SYNAVI),
  • Laurent Vergnaud (co-fondateur de Collectif 12 et membre du CA d’Actes If),
  • Jules Desgouttes (co-coordinateur d’ARTfactories / Autre(s) PARTs),)
  • et Remy Bovis (élu délégué aux politiques publiques du SYNAVI).

Voici quelques propos phares de ces échanges.

 

« En 2014, lorsque nous avons organisé le 1er Forum des lieux intermédiaires et indépendants à Mantes-la-Jolie (Yvelines), nous avons fait le constat d’un nombre important de lieux qui se revendiquaient comme “lieux intermédiaires” ou “lieux indépendants” avec des preoccupations artistiques et culturelles. Tous àleurs endroits, ils etaient des lieux de l’invention artistique. Et pourtant, ils etaient dans l’angle mort des politiques publiques de la culture. (…)
Il y avait une necessite àféderer ces lieux pour valoriser, au niveau national, le fait qu’ils faisaient partie d’un mouvement dont le poids dans la creation etait important.
Le resultat de ce mouvement de rassemblement est qu’aujourd’hui dans le Projet de Loi de Finances, on trouve une ligne budgétaire “lieux intermédiaires”. C’etait complètement inenvisageable il y a encore cinq ans. Nous avons reussi à entamer des discussions avec la Direction Générale de la Création Artistique au Ministère. Sa directrice, Sylviane Tarsot-Gillery, a, pour la première fois, mentionné le terme de “lieux intermédiaires” lors d’un débat en Avignon en 2019. Ce sont des petites choses mais qui sont importantes. »
« Au sein du Ministère de la Culture et de la Direction Générale de la Création Artistique, il y a des positions tres diverses sur la question des lieux intermédiaires avec d’une part, des personnes qui considèrent qu’il faudrait opérer un changement culturel sur le regard plus global que l’on porte sur les artistes et, d’autre part, des personnes qui ont un attachement àcette tradition d’un “ministère des beaux-arts”.
Il y a donc des brèches qui s’ouvrent et je suis plutot positif sur l’avenir. Il faut continuer à expliquer ce que l’on fait et trouver des alliances au sein meme des pouvoirs publics. »
« Une des questions qu’il faudra développer à l’avenir est l’accueil des artistes. Si les pouvoirs publics considèrent qu’il est bien que des artistes puissent travailler dans ces lieux, alors il faudra nécessairement qu’un travail sur l’accueil des artistes soit mené dans le cadre de politiques publiques. C’est de ce côte làque le soutien des pouvoirs publics doit s’inscrire. »

Laurent Vergnaud


« Nous avons engagéun travail collectif de référentiel, c’est-à-dire de production de nos propres normes, qui permette de dire, àl’endroit où l’on est, oùnous voulons aller, de manière àpouvoir nous distinguer d’autres lieux qui pourraient se confondre de manière impropre àce que sont nos lieux.
Nous continuons àtravailler sur ce référentiel. C’était précisément l’objet du 3e Forum des lieux intermédiaires et indépendants qui s’est tenu àRennes en juin 2019. À cette occasion, nous avons examinéla question des communs pour sortir du syndrome de la singularitéqui constituait une barrière pour s’organiser collectivement.
Ce qui est intermédiaire dans les lieux intermédiaires, c’est qu’ils ne sont ni du côtéde l’espace public ni du coté de l’espace privé. »

Jules Desgouttes


« Les lieux intermédiaires ne sont pas de l’institution en moins bien mais des espaces différents qui ont une fonction. »
« Lorsque nous rencontrons les DRAC, nous constatons que les nouveaux dispositifs sont parfois appliqués pour ce qu’ils sont mais ce n’est que très rarement le cas. Il faut donc que l’on arrive àrendre visible ce qui ne l’est pas encore dans les radars du ministère de la Culture. »
« Une résidence, c’est aussi des gens qui travaillent autour et qui doivent être rémunérés pour cela. Lorsque les compagnies ne reçoivent pas de financement pour des résidences, on leur fait porter la responsabilitéde payer ou de ne pas payer les gens qui travaillent pour elles. Est-ce qu’on peut continuer àconsidérer qu’on défend une économie tout àfait alternative ou est-ce qu’on monte au créneau pour que l’on trouve les moyens pour que les résidences existent dans des conditions justes du point de vue du droit du travail ? »

Emmanuelle Gourvitch


« Si historiquement, des lieux intermédiaires ont étécréés àl’initiative d’équipes artistiques, aujourd’hui, de nouveaux lieux émergent. Ceux-ci, bien qu’ils accueillent des artistes, ne sont pas dirigés par des équipes artistiques. Du côtédes compagnies, il y a des interrogations sur les moyens donnés aux équipes accueillies dans ces lieux.
Lors des débats sur les nouveaux dispositifs de résidences d’artistes, le SYNAVI a défendu le fait que les moyens budgétaires dédies doivent aller aux compagnies, sans passer par les lieux.
Ne faut-il pas aller chercher ailleurs des moyens pour faire fonctionner les lieux, plutôt que de les prendre sur les lignes dédiées àla création artistique ? D’autant plus lorsque l’on nous répète que ces lignes ne peuvent être davantage abondées que ce qu’elles le sont aujourd’hui. Ne faut-il donc pas les réserver exclusivement àla création et ainsi défendre une vraie politique de soutien àla création ? »

Rémy Bovis

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