Et demain, on fait comment ?

La crise sanitaire a provoqué une interruption brutale de nos activités, un confinement quasi mondial, et au- delà, un état de sidération. Cette stupeur possiblement surmontée, nous devons imaginer dès aujourd’hui le paysage artistique et culturel que nous désirons pour demain.

La fin du confinement, nous le savons désormais, ne signifie pas le redémarrage des projets en cours ou à venir. L’obstacle des mesures sanitaires et la volonté de « retrouver » un équilibre économique ne doivent pas nous faire oublier le Mur du changement climatique qui provoquera rapidement d’autres « empêchements ».

Oui, nous devons nous battre dans l’urgence pour obtenir la préservation des droits des artistes et techniciens intermittents, mais en nous disant que cette sauvegarde nécessaire aujourd’hui et pour l’année qui vient, ne règlera pas les questions posées par une croissance souhaitable des activités artistiques et culturelles qui devra être liée à une décroissance de l’utilisation des ressources et biens matériels.

Oui, nous devons revendiquer à tous les niveaux des fonds de soutien importants pour soutenir les structures de création les plus en difficulté. Ces fonds nous permettront de survivre pour l’année qui vient mais ne règleront pas les problèmes systémiques liés à une logique de production/diffusion qui est aujourd’hui dans une impasse.

 

Nous, adhérents du SYNAVI, devons relire notre charte, notre plateforme et nos dernières publications car nous avons déjà imaginé et écrit les changements de paradigmes nécessaires à une refonte des politiques culturelles : préférer la durée et le temps à la logique de projet, prioriser l’infusion sur un territoire et son financement public,reconnaître les démarches des artistes sur les territoires comme un service d’intérêt général, placer les droits culturels des personnes comme préalable aux projets et démarches artistiques.

Le « monde de l’après » ne peut pas être la simple relance de ce système de « production » dont nous avons déjà touché les limites : course aux créations trop peu diffusées, multitude d’ appels d’offres et appels à projet, paupérisation des artistes… Il nous faut questionner ce modèle de croissance qui va de pair avec une grande consommation de ressources naturelles pour nos tournées et déplacements, l’éclairage de nos spectacles, la réalisation de nos décors, la création d’événements publics…

Au regard de l’urgence climatique, comment concevoir autrement l’avenir de la création artistique et du développement culturel ? La première chose à faire est sûrement de nous imposer à nous-mêmes une « charte », mode d’emploi des bonnes pratiques qui nous aidera à réduire l’empreinte carbone de nos activités.

Mais comment ne pas occulter les paradoxes et difficultés que nous rencontrerons ?
Ainsi la question des transports et la nécessité de circuits courts nous renvoient à notre désir impérieux et notre besoin de ne pas s’enfermer dans un « localisme », de rester au croisement des influences des idées et des expériences qui s’inventent dans le monde contemporain. Nous devons surtout accepter l’idée que les solutions concrètes n’existent pas encore et que nous devrons les inventer collectivement en admettant probablement de remettre en cause, plus que nous l’imaginerions, nos certitudes dans nos pratiques, nos modes de fonctionnement ou notre économie.

 

15 mai 2020

Groupe de travail Urgence climatique du SYNAVI

Vincent Dhelin, Sandrine Le Metayer et David Rolland

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