Depuis plusieurs mois, nous évoluons dans un fracas permanent.
Les attaques se succèdent avec une singulière violence. Elles viennent de toutes parts et sont de plus en plus décomplexées.
Les annonces médiatiques nous assomment par la radicalité des décisions, tandis que dans l’arrière-cour, nous assistons à un ballet technocratique pointilleux et opaque : les contrôles et les restrictions d’accès se multiplient. La liste du vocabulaire automatisé réservé aux compagnies qui créent et aux associations qui travaillent sur le terrain s’enrichit de jour en jour – rejets, refus, non-conformité, signalements …
Et dans cette confusion brutale, de vieilles croyances aux allures de slogans, voir de menaces retrouvent de la vigueur : « Etre artiste, c’est faire le choix de la précarité », « Développez-le mécénat », « Il y a trop de compagnies », « Les salles ne peuvent pas absorber autant de créations », « Il faut mieux (moins) produire pour mieux diffuser ? »
Être artiste est un métier.
Les compagnies sont nos outils de travail, nos espaces de création où toute une équipe – personnel technique, artistique, administratif intermittent ou permanent – s’organise et accomplit une série de gestes et de pratiques professionnelles aussi variés que précis et spécifiques.
Il faut des professionnel.les virtuoses et compétent.es pour gérer autant de partenariats, de ressources financières, de paramètres techniques, d’exigences administratives autant qu’artistiques, d’incertitudes et de délais de paiements.
Pour faire face à une telle adversité, seule la conviction que les projets portés servent l’intérêt général, que chaque rencontre est l’occasion de faire société, que le public et les gens s’émerveillent, se questionnent, s’indignent ou se réjouissent quand ils sont en lien avec la création. Or n’avons-nous pas urgemment besoin de joie, de surprise, de confrontations, d’altérité et de débats pour affronter ce monde en voie de fascisation ?
Nous ne voulons pas de bienveillance, nous voulons des moyens pour travailler.
Nous ne voulons pas être infantilisés, sacralisés, réifiés, nous voulons que le travail que nous menons soit reconnu à sa juste valeur.
Nous ne voulons pas de contrôle, nous voulons une véritable et sincère considération de notre utilité.
Nous ne voulons pas de disponibles artistiques, nous voulons une politique publique en faveur de l’intérêt général et de la diversité.
Nous ne voulons pas d’un imaginaire romantique où le saltimbanque vit d’amour et d’eau fraîche, nous voulons exercer nos métiers dignement.
Nous voulons rire et faire rire, interroger, questionner, réfléchir et faire réfléchir, surprendre et être surpris, danser et faire danser. Créer.
Que vive la création !
Le SYNAVI appelle toutes et tous à rejoindre les AG qui s’organisent partout sur le territoire pour préparer la semaine de mobilisations et d’actions du 17 au 23 mars et nous appellerons à rejoindre la grève du 20 mars pour porter haut et fort la voix des compagnies et lieux indépendants.