Parlons-en du monde d’après !
Il nous faudrait ralentir, en finir avec la surproduction et son corolaire : l’obsolescence programmée.
Dit comme cela, nous ne pouvons que consentir à l’œuvre générale.
Sauf que le modèle de décroissance prescrit consiste en une régulation des productions et une concentration des pouvoirs et des richesses sans aucune modification du logiciel.
Sauf qu’il est question des créations dont nous sommes les principaux producteurs, nous, équipes artistiques et les salariés qui les composent – artistes, techniciens, techniciennes, administrateurs, administratrices –
Sauf qu’il est question d’intérêt général et de cette expérience de la vulnérabilité de la relation à l’autre, sans cesse renouvelée, jamais acquise.
Sauf qu’il est question d’une démarche, d’une proximité, de faire avec, de défaire les nœuds qui tiennent à l’écart et obscurcissent.
Sauf que la situation est grave !
La diversité ne se décrète pas. Elle est le fruit d’un processus au sein duquel les rapports de domination et la répartition des moyens tiennent une place décisive.
C’est bien de cela dont il faut débattre.
Comment aborder la crise climatique, la gestion des ressources, le repli identitaire sans questionner radicalement les systèmes qui nous gouvernent ?
Comment construire une politique du spectacle vivant durable sans saisir le formidable enchevêtrement des projets artistiques qui dialoguent avec les territoires et s’infusent mutuellement ?
Nous disons que l’irrigation est à la racine.
Nous disons que l’écologie impose de penser la répartition des moyens y compris de production et de diffusion.
Nous disons qu’il faut produire encore et diffuser autrement car les besoins de liens, de rencontres et de confrontation sont gigantesques.
Que la création artistique doit être partout au plus près des gens.
Nous ne disons pas l’artiste, nous disons l’équipe artistique.
Nous ne disons pas « l’artiste est au plateau », nous disons le plateau est partout où il y a jeu.
Nous ne disons pas le public, nous disons les gens.
Nous ne disons pas l’accès des publics, nous disons l’exercice des droits culturels.
Nous ne disons pas mutualisation et économie d’échelle, nous disons coopération et écologie du lien.
Nous ne disons pas « produire moins, diffuser mieux », nous disons l’infusion artistique, le temps long, les tournées raisonnées, les résidences de territoire.
Nous ne disons pas la « production déléguée », nous disons les moyens de production et de diffusion aux producteurs.
Nous disons la liberté de création, l’autodiffusion, le soutien aux lieux intermédiaires et indépendants.
Nous disons la diffusion et la rencontre publique en tous lieux.
Nous en appelons à un soulèvement des compagnies, à un soulèvement des équipes artistiques, à un soulèvement des collectifs qui composent les lieux indépendants et non dédiés.
Il y a 20 ans le SYNAVI, en pleine crise de l’intermittence, se créait pour porter la voix des équipes artistiques.
Nous sommes des milliers de compagnies indépendantes : faisons entendre notre voix !
Nous sommes 500, soyons des milliers !
ADHÉREZ !